RENOUER
Le projet « Renouer » initié par le designer Jean-Sébastien Poncet est porté au sein du Deep Design Lab – Explorations profondes des matérialités et des représentations visuelles de l’Anthropocène, un partenariat entre la Cité du design et l’Ecole Urbaine de Lyon.
Intercession(s) d’une plante «invasive» pour reconstruire les rapports d’une ville à sa terre.
L’espèce humaine déplace 30 milliards de tonnes de gravats par an. Ce chiffre lui vaut le titre de force géologique. Témoin gênant de ces pratiques, la renouée du Japon les révèle par sa présence envahissante. Le godet, la benne ou l’épareuse sont ses véhicules. Elle forme avec ces objets industriels un dispositif critique à l’épreuve de l’aménagement.
Connue comme destructive elle présente également des usages (pharmacie, cosmétique, papeterie,…) et des fonctions écologiques.Elle permet de stabiliser les éléments métalliques tout en «préparant » le sol pour des systèmes plus élaborés à l’image de la ronce qui dans les biotopes européens «couve» le gland du chêne pour céder plus tard la place à la forêt.
Dans une ferme de la Renouée, nous proposons d’expérimenter et concevoir les outils d’une « semi-culture » de cette végétation spontanée. La plante invasive, y deviendrait une alliée pour soigner des sols urbains dont la vitalité est souvent mise à mal.
Activée à Saint-Etienne, dont les sols archivent les traces de l’exploitation minière et industrielle, la ferme de la renouée propose de « faire monde» avec la plante. Cette expérience de captation d’un végétal proliférant sur les ruines de l’extractivisme nous apparaît comme un moyen de réflexion sur l’utilitarisme prégnant dans notre discipline.
OURS
Jean-Sébastien Poncet est l’initiateur de ce projet. Designer, il vit et travaille à Saint-Etienne depuis 2010.L’expérience familiale de l’élevage l’oriente vers une pratique exploratoire des paysages agricoles puis des tiers paysages. Il explore par la suite les conditions d’un design paysan pour lequel il tente de transposer les pratiques communalistes des subsistances paysannes dans la démarche de conception. Le designer paysan s’attache à concevoir des conditions de cohabitations élargies entre humains et non humains. Il conçoit des tiers objets. Cousins proches des objets frontières, ils cristallisent des conflits d’usage entre des parties prenantes humaines et/ou non humaines. Inscrits dans le processus itératif de design, ils permettent de représenter ces parties prenantes dans la mise en forme des communs. Ce travail sur les communs l’inscrit dans une pratique relationnelle pour laquelle implication habitante et architecture vivante deviennent les pièces constructives d’une pratique de dessin des espaces et des situations. C’est en marge d’un projet de commande en espace public en 2017, qu’il décide d’entreprendre des recherches sur le métabolisme des sols urbains qui prennent sens et forme notamment avec le projet « renouer ». Dans le but de faire cohabiter savoirs paysans et scientifiques, Renouer mobilise le concours de plusieurs parties prenantes, scientifiques, artistiques, associatives et académiques.Chercheur.se.es associés
Delphine Hyvrier, designer et doctorante en design.
Florence Piola, Maître de Conférence HDR, CNRS, UMR 5023 – LEHNA.
Formations associées
Master 2 Altervilles « Alternatives politiques et stratégiques pour les villes et les métropoles » – Université Jean Monet, Science Po Lyon.
Cydre Cycle design de recherche ESADSE
Artistes associés
Julien Ouguergouse, réalisateur documentaire.
Delphine Thouilleux, conteuse.
Associations complices
Amicale Laïque du Crêt de Roc
La ferme en chantier.
Eco & co, écopaturage
Crée en septembre 2019, le “Deep Design Lab ― Explorations profondes des matérialités et des représentations visuelles de l’Anthropocène est un studio de design-recherche à la Cité du design Saint-Étienne, en collaboration avec l’École urbaine de Lyon. Il explore des artefacts qui organisent les relations entre l’Homme occidental et la nature dans le cadre du concept d’Anthropocène ― concept qui désigne l’activité humaine comme puissance géologique. Le terme « deep » renvoie à un design « profond » qui défie la vision moderne et coloniale du design (et du monde). En questionnant la performativité du design et sa capacité à créer des valeurs sociales et politiques, les projets menés au sein du “Deep Design Lab” cherchent à générer, à travers des objets et des images, des attitudes non-anthropocentriques.